Rolf Ekroth fait son début au showroom SPHERE Paris Fashion Week® de la FHCM

Rolf Ekroth fait son début au showroom SPHERE Paris Fashion Week® de la FHCM

07/11/2023

Industry

Le monde de la mode a déjà connu des créateurs aux débuts non conventionnels, et Rolf Ekroth n’est pas une exception. D'un joueur de poker professionnel passionné par les vêtements à un lauréat du prix Galeries Lafayette en 2016 au Festival de Hyères, le parcours de Rolf Ekroth ne manque pas d’originalité. 

LNB : Rolf, votre parcours dans la mode est assez unique, ayant un cursus en psychologie, en vente et en poker professionnel. Qu'est-ce qui vous a motivé à poursuivre une carrière dans la création de mode ?

Rolf : Au cours de ma vingtaine, j'essayais de me trouver. J'ai exploré diverses pistes et, lorsque je jouais au poker, j'ai commencé à acheter des vêtements plus chers. Peu à peu développé un intérêt pour les marques plus premium, la qualité et l'artisanat.

Après avoir arrêté le poker vers l'âge de 28 ou 29 ans, un ami m'a suggéré de poursuivre ma passion pour les vêtements. Je me suis inscrit à un cours de couture. Cette expérience a été pour moi comme une thérapie. J'ai tout appris, de la création de patrons à la découpe ainsi que l'utilisation d'une machine à coudre, car je ne l'avais jamais utilisée auparavant.

J'ai ensuite rejoint l'université Alto à Helsinki. L'école avait remporté un concours international la même année et je me suis donc fixé pour objectif d'y participer également. Avec ma collection de fin d’études, j'ai eu la chance d'être accepté et j'ai gagné le prix pour faire une collection capsule avec les Galeries Lafayette. Ensuite, cela a fait effet boule de neige et j'ai commencé à être des nouvelles opportunités se sont présentées. J'ai ensuite trouvé des investisseurs en 2019 et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de lancer mon propre label.

LNB : Votre expérience aux Galeries Lafayette a dû être très enrichissante. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce que cela a représenté pour vous ?

Rolf : C'était une expérience extraordinaire, mais elle s'est déroulée si rapidement que je n'ai pas pu vraiment réaliser ce qu'elle signifiait à l'époque. J'avais une vitrine complète juste pour mes créations mais j'étais encore étudiant, donc cela me semblait surréaliste. Maintenant, en rétrospective, je me rends compte à quel point c'était exceptionnel. Aujourd'hui, après avoir acquis une meilleure compréhension de l'industrie de la mode, je suis vraiment conscient de l'importance de cette expérience.

LNB : Pouvez-vous nous parler du concept et de l'histoire de votre marque ?

Rolf : Les trois premières saisons ont été basées sur la création de vêtements qui me plaisaient, tout simplement. Cependant, durant la pandémie, j'ai perdu mes investisseurs et j'ai eu le temps de réfléchir à ce que serait l'orientation de la marque. C'est à ce moment-là que le concept a commencé à prendre forme. J'ai mis l'accent sur les valeurs, en me concentrant sur les pratiques durables. Environ 70 à 75 % de notre collection est aujourd'hui constituée de matériaux recyclés ou en fin de vie.

Je décrirais la marque comme un label streetwear haute gamme, influencé par les techniques artisanales traditionnelles de la Finlande. Personnellement, j'aime travailler à la main, et même mes parents, qui sont maintenant à la retraite, contribuent à la fabrication de certaines pièces, comme la robe en macramé que ma mère a confectionnée et qui a nécessité environ 200 heures de travail.

LNB : Pouvez-vous nous parler un peu de votre processus de production et des lieux où sont fabriqués les vêtements de votre marque ?

Rolf : Nous privilégions autant que possible la production locale. Basé à Helsinki, en Finlande, notre centre de production le plus proche se trouve à Tallinn, en Estonie, et nous travaillons également dans d'autres pays baltes. L'Estonie est notre principal site de production en raison de sa proximité et de son efficacité. Si quelques entreprises finlandaises disposent des machines nécessaires, elles donnent souvent la priorité à des commandes plus importantes, ce qui est un peu compliqué pour nous avec nos petits volumes. 

Travailler avec les fabricants de Tallinn a été une expérience agréable, non seulement en raison de la proximité géographique, mais aussi de notre langue commune et d'un sentiment de soutien mutuel. Nous sommes à deux heures en ferry et nous sommes investis dans la réussite des uns et des autres, rendant le processus fluide et efficace.

LNB : Le streetwear est devenu un phénomène phare de la mode moderne. Pouvez-vous me dire pourquoi il vous attire personnellement ?

Rolf : Pour moi, le streetwear ce sont des vêtements dans lesquels ont se sent à l'aise. Je ne suis pas du genre à me plonger dans de profondes discussions philosophiques sur la mode et je me considère comme quelqu'un qui aime simplement les vêtements, mais je pense qu’ils devraient permettre aux gens de se sentir mieux avec eux-mêmes. Le sentiment que l'on ressent lorsqu'on met un vêtement et que l'on voit une meilleure version de soi-même dans le miroir ; j'aimerais que les personnes qui portent la marque aient cette expérience.

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