Mode et développement durable : 3 questions à Laëtitia Hugé, cofondatrice de Pando

Mode et développement durable : 3 questions à Laëtitia Hugé, cofondatrice de Pando

08/12/2021

Industry

Depuis juin 2020, le cabinet de conseil en mode éco-responsable Pando nous accompagne dans notre réflexion sur les conséquences de l’industrie de la mode sur l’environnement et la société, et particulièrement sur l’impact qu’a LE NEW BLACK en tant qu’entreprise et en tant que plateforme digitale, ainsi que sur le rôle que nous avons à jouer vis-à-vis de nos 400 clients.

Nous avons discuté avec Laëtitia Hugé, cofondatrice de Pando. Laëtitia a fait ses armes dans l’univers de la grande distribution et de la fast-fashion au Bangladesh et en Europe, et s’est formée auprès de l’AFNOR sur l’ISO 26000, la norme internationale réglementant la RSE et le développement durable. Après 12 ans en développement produit et approvisionnement chez l’importateur textile JL International, Laëtitia, en quête d’innovation et d’optimisation des processus, rejoint Lectra. Suite à sa rencontre avec Stéphane Piot en 2015, le duo lance Pando.

LE NEW BLACK : Bonjour Laëtitia, peux-tu nous en dire plus sur le rôle et la mission de Pando ?

Laëtitia Hugé : Bonjour Julie, merci pour cet interview et l’intérêt porté à Pando ! Pando  est un cabinet de conseil en mode éco-responsable. Nous accompagnons les professionnels de la mode, qu’ils soient marque, fabricant ou détaillant, à mettre en place et à développer leur stratégie de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).  Notre mission est de redonner du sens à la mode à travers nos 3 valeurs que sont l’optimisme, le respect et la transmission.

LNB : D’après ton expérience, quelles sont les attentes des acheteurs B2B aujourd’hui ? 

LH : Les attentes évoluent beaucoup ces dernières années. Les acheteurs B2B sont portés, voire même poussés, par le marché, la législation et le consommateur qui évoluent fortement et demandent des engagements forts des entreprises. Les acheteurs B2B sont en recherche de marques désirables, qui peuvent aussi démontrer une utilité envers la société. Cela peut se traduire par des combats autour de l’inclusion, la diversité ou encore l’éthique dans les relations avec leurs partenaires. 

Au-delà de cet aspect sociétal, les acheteurs B2B recherchent de plus en plus des produits écoresponsables pour répondre aux demandes des consommateurs B2C et du marché. Cette notion de produits écoresponsables est très vague aujourd’hui, il y a presque autant de marques que de définitions ! Il y a un besoin pour les acheteurs B2B de s’appuyer sur des labels, des certifications, des normes pour alors prouver cette notion. Je pense donc que les acheteurs B2B sont en attente de marques désirables, engagées et qui sont en mesure de prouver leur démarche !

Laëtitia Hugé et Stéphane Piot, cofondateurs de Pando / Aurejade Photo

LE NEW BLACK : Quels conseils donnerais-tu à une marque de mode qui souhaite se lancer dans cette démarche RSE aujourd’hui ?

Pour répondre à ces attentes des acheteurs et du marché, une marque de mode a tout intérêt de se lancer dans une démarche RSE de façon structurée et méthodique. Nos clients font souvent des choses en termes de RSE en mode “saupoudrage” sans stratégie ni feuille de route claire, ce qui rend la communication autour de la démarche difficile ou risquée. La première chose à faire est de s’appuyer sur des référentiels reconnus comme la norme ISO 26000 et les Objectifs de Développement Durable (en savoir plus) afin d’identifier mais aussi et surtout de structurer les actions RSE existantes dans l’entreprise.  

En parallèle, une analyse des enjeux clés sociaux, sociétaux, économiques et écologiques de la marque est à faire afin de définir et d’affiner la stratégie RSE de l’entreprise, sa feuille de route à horizon court, moyen et long terme puis dérouler le plan d’action opérationnel qui en découle. La RSE demande de la structure, de la méthode et du temps. Il est inutile de partir tous azimuts et à toute allure, le risque étant d’épuiser ses équipes et surtout de ne pas adresser les enjeux prioritaires. Il faut y aller pas à pas selon ses capacités financières et de ressources humaines. C’est une démarche très vertueuse d’amélioration continue très fédératrice pour les équipes et les partenaires externes. 

Vous souhaitez faire un état des lieux de votre stratégie RSE ? Faites le test !

LNB : Un projet qui te tient à cœur dans les prochains mois ?

LH : Tout à fait ! Nous travaillons sur une boîte à outils RSE faisant suite à des problématiques observées dans notre quotidien auprès de nos clients. Nous avons constaté que la plupart se sont renseignés sur la RSE et la mode écoresponsable et rapportent avoir été submergés d'informations sans avoir pu démêler le vrai du faux, l’important de l’anecdotique. 

Également, lors de nos accompagnements qui peuvent durer plusieurs mois, nous observons que les équipes bougent beaucoup, avec l’arrivée de nouveaux employés, ce qui rend la montée en compétence sur la RSE de l'entreprise plus longue. Il faut donc refaire des formations pour former les nouvelles équipes, ce qui est coûteux et chronophage. Les équipes en place ont aussi besoin de suivi, notamment sur les contenus, car il est difficile de retenir autant d'informations d’un coup. 

Pour répondre à ces problématiques, nous lançons fin janvier 2022 une boîte à outils RSE dédiée à la mode et accessible en ligne par abonnement. Cette boîte à outils très opérationnelle contient des parcours de formation mais aussi des contenus divers et synthétiques sur les sujets clés de la RSE dans la mode comme par exemple les labels, les matières, la législation etc. Nous avons créé des contenus très variés : il y a des vidéos, des podcasts, des webinaires mais aussi des aide-mémoires ou des abcdaires, toujours axés sur la mode et la RSE. 

Nous profiterons du salon Who’s Next fin janvier pour lancer cette nouvelle offre Pando, mais une partie de ce contenu est déjà accessible gratuitement sur notre site !

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