Karin et Camille représentent la Swiss Fashion Association, une institution qui soutient les créateurs suisses et qui les aide à développer leur propre marque. Karin est la présidente de cette association depuis 2018, et a aussi créé sa propre marque de mode, Weer en 2014. Camille est en charge du développement de l’association et accompagne actuellement les marques qui intègrent LE NEW BLACK à leur organisation. Nous sommes ravis de vous connaître et d’en savoir plus sur la SFA !

LE NEW BLACK : Quel a été votre parcours et les raisons qui vous a amené à soutenir la création mode suisse ?

Karin : La SFA est née d’un besoin que j’ai ressenti pendant mon propre parcours. Il y a quelques années quand j’ai fondé Weer, je ne savais pas où trouver des informations sur la production, les matières etc. Il y a malgré tout quelques institutions qui soutiennent les créateurs suisses mais il est parfois difficile de les trouver et d'avoir le bon contact lorsqu’on débute. On risque alors de perdre son esprit entrepreneurial et sa créativité. Il manquait un lieu où les créateurs pourraient se rendre et poser leurs questions. J’ai donc fondé la SFA avec la personne qui me conseillait à l’époque, avec pour mission de promouvoir la mode suisse, de soutenir et d’affirmer la visibilité de nos créateurs et d’établir la mode comme un atout culturel national. Il est capital pour nous de travailler avec le soutien des acteurs locaux, en particulier des acheteurs et des boutiques suisses, des institutions et des consommateurs. Nous avons un grands nombre de talents dans notre pays et d’excellentes écoles de mode telles que HEAD à Genève. Nous avons donc un très haut potentiel. 

LE NEW BLACK : Quelles sont les ambitions commerciales de la SFA en terme de développement et de communication pour les marques ?

"En 2021, nous allons lancer notre propre fashion week digitale, en partenariat avec LE NEW BLACK. C’est très important pour nous d’offrir un soutien global, à 360° qui couvre toutes les facettes de la réussite d’une marque de mode."

Camille : En tant que première association dédiée à la promotion de la culture de mode Suisse, notre priorité est le développement stratégique de nos membres. L’aspect commercial et la “conversion” sont nos objectifs principaux. Nous avons créé un programme spécifique appelé “Talents”, dédié aux créateurs et marques qui visent un développement international. Nous les accompagnons sur le territoire national et à l’international. Beaucoup de nos créateurs produisent localement, avec des matières suisses. Cette production locale est très qualitative, ce qui est particulièrement intéressant pour les segments premium et luxe. Nous proposons ainsi un ensemble de savoir-faire mis à la disposition des marques, en partenariat avec des acteurs et personnalités reconnus de l’industrie : développement commercial, marketing, communication et relations presse, planning des collections, merchandising, ventes, mode éthique et conseils juridiques. Ces services sont proposés sous la forme de conférences, ateliers et consultations individuelles avec les marques. 

Karin : En terme de communication, nous promouvons nos talents à travers notre site web et sur nos réseaux sociaux et travaillons aussi avec notre partenaire PR Fact, une agence de communication suisse. Pour ce qui est du commercial, nous privilégions les événements BtoB et BtoC pour que nos créateurs rencontrent la cible qui leur correspond. En 2021, nous allons lancer notre propre fashion week digitale, en partenariat avec LE NEW BLACK. C’est très important pour nous d’offrir un soutien global, à 360° qui couvre toutes les facettes de la réussite d’une marque de mode. Notre board est d'ailleurs composé de professionnels de l’industrie pour nous accompagner dans ce sens.

LE NEW BLACK : Selon votre expérience, à quels changements majeurs font face les marques de mode actuellement, avec la crise sanitaire ?

Camille : Les challenges à affronter à l’heure actuelle sont très nombreux ! En ce qui concerne nos membres, qui ont pour la plupart des petites marques, nous pensons que les incertitudes liées au futur, à la perte de chiffre d’affaire et les problèmes liés à la chaine d’approvisionnement sont les principaux challenges. Nous pressentons que cela peut entrainer une situation de stagnation dans la créativité, dans le développement de la marque et dans les ventes. D’un autre côté, nous considérons aussi cette situation comme une opportunité pour les petites marques créatives. C'est une chance d’améliorer leur crédibilité et leur offre produit, d’être courageux.se et d’innover, en particulier dans le domaine du digital puisque la consommation en ligne va continuer de progresser. Enfin, il est évident que cette crise met en exergue une industrie de la mode qui doit se transformer en profondeur, s’ajuster aux besoins, aux attentes et aux valeurs du consommateur du 21ème siècle. Nous sommes convaincues que c’est justement la raison pour laquelle nous avons besoin de nouveaux talents, une nouvelle génération de créateurs ambitieux qui saura imposer ces nouvelles valeurs à travers leurs marques et leur produits. La crise est aussi une chance pour eux de sortir du lot, et de gagner des parts de marché.

LE NEW BLACK : Vous souhaitiez que les marques suisses soient équipées d’une plateforme BtoB, pouvez-vous nous dire pourquoi et quelles sont vos attentes ? 

Camille : Nous souhaitions offrir à nos membres la solution adéquate pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs, dans une situation ou la présentation physique des collections est difficile à planifier et organiser. Ce showroom digital est une grande opportunité pour augmenter leur visibilité auprès du marché local et international et de montrer leurs collections quand ils le souhaitent tout en évitant les risques d’annulation liés aux confinements ou aux restrictions de déplacements. Quoi qu’il advienne, ces collections seront présentées et promues grâce aux solutions digitales. C’est l’opportunité de renforcer et d’étendre leur position sur le marché. Grâce à la Swiss Digital Fashion Week produite par la SFA en partenariat avec LE NEW BLACK, nos créateurs seront promus auprès d’une audience internationale d’acheteurs, et nous avons hâte de voir ça !

"Nous sommes convaincus que nous avons besoin de nouveaux talents, une nouvelle génération de créateurs ambitieux qui saura imposer ces nouvelles valeurs à travers leurs marques et leur produits. La crise est aussi une chance pour eux de sortir du lot, et gagner des parts de marché."

LE NEW BLACK : Comment voyez vous le futur des jeunes marques de mode ? Quelles sont les opportunités que vous identifiez sur un marché local, européen ou international ?

Camille : C’est difficile à prédire, nous allons observer attentivement ce qui va se passer en 2021. A un niveau local, nos créateurs doivent être plus présents dans le paysage retail suisse. La tendance de la consommation locale grandit progressivement et nous devons nous soutenir entre acteurs suisses. 

Karin : Nous avançons jour après jour avec prudence et il est très difficile de prédire le futur. Nous voulons capitaliser sur nos forces et elles sont nombreuses en Suisse : la qualité de nos anciennes traditions textiles, comme celles de nos textiles innovants. Quelques uns de nos créateurs utilisent des textiles suisses innovants pour leur développement produit, je pense qu'il s'agit d'un sujet sur lequel nous devons nous concentrer et que nous devons faire connaître à l'international ! Les créateurs suisses produisent soit en Suisse, soit au sein de l’Union Européenne, ce qui est très important pour le marché haut-de-gamme. Ils appartiennent vraiment à ce marché !

Camille : Nous pensons qu’il y a encore beaucoup à faire, mais nous avons la chance de pouvoir implémenter des actions à un niveau local et international. Venez visiter notre showroom et découvrir nos talentueux créateurs et leurs magnifiques produits !

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